GV HENNEBONT
TENNIS DE TABLE

14/06/2022 | 18ème Journée de Pro A

GV Hennebont TT - Cergy-Pontoise

Boris Abraham, vingt ans de souvenirs sur le banc

Pro A. Hennebont - Cergy Pontoise, ce soir (19 h 30). Après presque vingt ans sur le banc de la Garde du Vœu, Boris Abraham va passer la main à l’issue de ce dernier match.

Entretien

Joueur à Hennebont de la fin des années 1990 jusqu’à 2003, puis entraîneur principal (mais aussi adjoint entre-temps durant quelques saisons), de 2003 à aujourd’hui, Boris Abraham va enfiler son costume de coach de la Garde du Vœu pour la dernière fois ce soir, en clôture du championnat. À partir de la rentrée prochaine, il sera, à plein temps, manager général du club morbihannais. Le Roumain Adrian Crisan sera le nouvel entraîneur de la GVHTT. 

Boris, vous souvenez-vous de votre premier match sur le banc hennebontais ?

Je m’en souviens très bien, c’était à Levallois, le club phare en France. C’était très spécial, j’étais très jeune, j’avais 23 ans. On avait Thierry Cabrera dans l’équipe, un joueur reconnu comme très dur à manager. C’était une grande gueule du monde du ping. Ce n’était pas si évident, c’était une grosse épreuve. Mais même s’il y a eu des doutes, je ne l’ai jamais montré, c’est ce qui doit faire la force d’un coach. Après, il y a eu un moment encore plus stressant, lors du premier match de la saison 2008-2009, où on avait quand même Kreanga et Ryu Seung-Min, le champion olympique en titre, dans l’équipe.

Quelle est votre plus belle émotion ?

Il y en a eu trois. Notre premier titre de champion de France, en 2004-2005, lorsque j’étais entraîneur adjoint. Et en tant que coach, je retiens le titre de 2007. Lors du dernier match à domicile contre Angers, c’était incroyable. On avait été titré grâce à une meilleure différence que Laval. Et la dernière émotion, c’est le titre de champion d’Europe en 2019 (ETTU Cup), parce qu’on n’avait plus gagné un trophée depuis un moment. On avait une équipe très jeune qu’il fallait « driver ». C’était une très belle année.

« Kreanga et Ryu, les joueurs les plus talentueux »

Quel est votre plus gros regret ?

Je vais en ressortir trois également. Lorsqu’on avait l’équipe avec Ryu Seung-Min, on avait été champion de France en 2009, et vice-champion de France en 2010, mais on aurait pu aller chercher une Ligue des champions. L’autre regret, c’est qu’entre 2010 et 2019, on a eu des équipes beaucoup moins compétitives. Enfin, l’une des plus grosses déceptions, c’est cette saison. On avait un groupe pour faire quelque chose de bien. J’aurais aimé terminer sur un titre dans cette salle…

Quel est le joueur le plus fort que vous avez entraîné ?

Il y en a deux : Kreanga et Ryu. En dissocier un des deux serait malhonnête. C’étaient les plus talentueux, les plus brillants, ceux qui m’ont inspiré le plus. Une fois que vous avez entraîné ces deux joueurs-là, vous pouvez coacher tout le monde. Tu apprends avec eux et ils te transmettent tellement de choses que tu es blindé.

Le jour où vous sentiez que rien ne pouvait vous arriver ?

La plus belle année, en 2008-2009, où on avait écrasé le championnat. C’était incroyable. On avait juste perdu en demi-finale de la Ligue des champions. Même chose en 2006, on avait été sacré champion de France à six journées de la fin.

Votre plus gros coup de gueule ?

J’en ai eu pas mal (sourire). En 2015-2016, après une défaite à domicile contre Villeneuve, je n’avais pas du tout apprécié. Perdre, cela fait partie du sport, mais c’était plutôt à cause de la manière. Et surtout cette saison, après le troisième match et la défaite contre Caen (2-3), j’étais très, très remonté. Quand on voit qu’on refait les mêmes erreurs, match après match, que les choses ne bougent pas… Cette saison était peut-être « l’année de trop » aussi.

« En Russie, on avait tous choppé la diarrhée »

L’anecdote que vous n’avez jamais racontée ?

Lors d’un déplacement à Ekaterinbourg en Russie, en Coupe d’Europe, il y a trois ou quatre ans, Quentin Robinot n’avait jamais récupéré ses bagages à l’aéroport, et je lui avais prêté mes chaussures et mes vêtements pour jouer. Le problème, c’est qu’il chaussait du 43 et moi du 41… Et en plus, tout le monde était malade, on avait tous choppé la diarrhée après avoir mangé dans un restaurant. Un déplacement plus que périlleux, il faisait -50 °C, c’était l’enfer.

La chose à laquelle vous allez penser à l’issue de ce dernier match sur le banc et dans cette salle ?

Il y aura beaucoup d’émotion. Plus les années passent et plus je m’éloigne de ma discipline : j’étais joueur, puis coach, et je vais passer uniquement dans la partie administrative. Ce sera un gros pincement. Et cette salle-là, je la connais depuis que j’ai 7 ans. Je suis assez fier de tout ce qu’on a pu donner ensemble à cette salle pour la faire vivre. On a passé des moments incroyables. Je me rappelle que je jouais au tennis, au foot, au basket ici, à l’époque. C’est un peu ma maison et ma vie. Cela fera bizarre de quitter tout ça, mais il est vraiment temps aussi. Ensuite, j’aurais assuré le minimum, à savoir laisser l’équipe première en Pro A, malgré les frayeurs en début de saison. Et désormais, j’espère qu’on pourra vivre les mêmes émotions dans notre nouvelle salle.

Source : Ouest France du 14 Juin 2022, propos recueillis par Baptiste COGNÉ.

Cergy pour finir en beauté. Dernière journée de championnat ce soir (19 h 30) pour Hennebont (7e avec 35 points) qui reçoit Cergy-Pontoise (8e avec 32 points). Si Hennebont n’a plus rien à espérer depuis longtemps dans ce championnat, cette dernière journée sera chargée en émotion et les Hennebontais, victorieux vendredi à Villeneuve (0-3), voudront terminer sur une bonne note. Outre le dernier match de Boris Abraham sur le banc, ce sera aussi la dernière pour Cédric Nuytinck et Omar Assar qui vont quitter le Morbihan à l’issue de cette saison.

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